L’institution provinciale, coordinatrice des acteurs de terrain autour des problématiques liées aux violences intrafamiliales

24 Juin 2025 | Action sociale provinciale, Cohésion sociale

La Province de Hainaut est déléguée à la coordination de la lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales sur son territoire. Plusieurs fois par an, la Province réunit les opérateurs des secteurs associatif, judiciaire et public en plateformes de travail, dans les régions de Charleroi, Mons et Tournai. Objectif pour ces groupes de professionnels : mener ensemble des réflexions collectives sur les pratiques les plus adéquates à appliquer ensuite, par organisme concerné, sur le terrain.

Au bout de la « chaîne » d’accompagnement des citoyens, cela permet de proposer les meilleures réponses aux besoins des victimes d’une part mais aussi d’assurer un maximum de prévention, dans les Communes et les différentes zones de police.

En ce mois de juin 2025, le service provincial VEGHa (Violence Egalité de Genres en Hainaut) – qui mène cette mission à bien pour le Hainaut – proposait ce travail collectif sur un sujet sensible. 90 professionnels actifs dans les 3 grandes régions hainuyères ont ainsi pu être informés de manière complète et précise sur la délicate thématique de « l’inceste ».

Pour les acteurs de terrain, le constat est clair : la prise en charge des victimes est très compliquée, en ce que cela touche des enfants.

Deux intervenants animaient cette rencontre professionnelle : Mathilde Dufranc, Chargée de projet à l’Université des Femmes et Jean-Pierre Van Boxel, 1er Inspecteur spécialisé « jeunesse et mœurs ».

Intégrée dans le Code pénal suite à la Loi du 21 mars 2022 – modifiant ce Code en ce qui concerne le droit pénal sexuel – la notion d’inceste se devait tout d’abord d’être précisément définie, ainsi que ce à quoi sa reconnaissance donne lieu en termes juridiques.

Quelques chiffres, tout d’abord, font froid dans les dos.

  • Dans plus de 80% des cas, les violences sexuelles commencent avant 18 ans.
  • Au niveau des victimes suivies, 62% sont des mineurs, et près de 45% ont été agressées par un membre de la famille.
  • Si les filles sont les plus nombreuses à avoir subi ces sévices, entre 5 et 11% des victimes sont des garçons.

L’inceste, qui est imprescriptible depuis mars 2022, a par ailleurs des conséquences terribles : le refus d’actes médicaux considérés comme une réminiscence de l’agression, mais aussi du décrochage scolaire, de la somatisation, des troubles alimentaires et du sommeil et une baisse de l’estime de soi.

Les études scientifiques prouvent que les victimes présentent une immunité déficiente avec pour conséquence un risque de cancer plus élevé.

L’accompagnement des victimes était par ailleurs au centre de ces journées.

Dans les 3 régions, les opérateurs ont ainsi pu rencontrer des organismes d’accompagnement oeuvrant au quotidien aux côtés des jeunes qui ont enduré ce phénomène :

Les organismes qui prennent en charge les victimes sont ainsi confrontés à des jeunes qui ont énormément de mal à expliquer ce qui s’est passé – même si souvent, entre les faits et la décision d’en parler, il peut s’écouler jusqu’à 12 années – car c’est une personne qui incarne une image familiale et qui est censée protéger qui est l’agresseur.

Du côté de la Police, le constat est identique : « Lors du dépôt de plainte, le travail des policiers est délicat » explique M. Van Boxel, « Il faut faire preuve de beaucoup de respect, d’empathie, faire fi de ses émotions et laisser la victime expliquer sans orienter les réponses ». L’Inspecteur plaide par ailleurs pour une formation spécifique pour tous les policiers dans leur cursus. « Il faut donc faire preuve de beaucoup de délicatesse. Et ce long travail d’accompagnement touche aussi les parents qui sont souvent traumatisés de n’avoir rien vu ».

Pour Mathilde Dufranc, Chargée de projet à l’Université des Femmes, il est impératif de faire bouger les lignes, localement mais aussi nationalement; mais cela va prendre du temps. En ce sens, l’Université a par ailleurs rédigé un rapport datant de 2020 – amené à être complété grâce aux rencontres récentes de professionnels en 2025.

Retrouvez le Rapport d’Expertise et de Recommandations en téléchargement sur le site web de l’Université des Femmes.