Cathy d’Oultremont est kinésithérapeute à l’Institut médico-pédagogique Ecole clinique, à Montignies-sur-Sambre, depuis mars 2020. Elle témoigne de l’enthousiasme de toute une équipe pour deux nouveaux outils à disposition des adultes en situation de handicap qui fréquentent le service d’accueil de jour.

Premier axe : se centrer sur soi et ses sensations, dans un cadre relax et serein. C’est possible grâce à la salle «snoezelen», entièrement rénovée et restructurée par l’institution et Hainaut Gestion Patrimoine; et accessible depuis mai 2021.

Mixant les mots néérlandais « snuffelen » (renifler) et « doezelen » (somnoler), cette technique a été inventée dans les années 70 par deux Hollandais. Et elle remporte depuis l’assentiment de très nombreux professionnels actifs dans le secteur handicap, mais aussi gérontologique ou psychiatrique (en savoir plus sur le snoezelen).

«Le snoezelen agit sur les cinq sens d’une personne, grâce au matériel à disposition : matelas à eau chauffé, musique douce, colonne à bulles lumineuse, jeux de fibres optiques qui changent de couleurs, projections sur les murs et au plafond, ciel étoilé, diffuseur d’aromathérapie,…» explique Cathy d’Oultremont.

Ce lieu de paix et de sécurité stimule les occupants de différentes façons : «Nous avons installé des lampes ultraviolettes et du matériel fluorescent : vêtements, accessoires, maquillage,… Cela permet aux bénéficiaires de prendre conscience de leur propre corps, en manipulant ce matériel , en se grimant, en s’observant dans un miroir par exemple».

Car il s’agit avant tout d’un outil de travail : «Ce climat calmant facilite entre autres le travail kiné car il permet le relâchement musculaire pour nos bénéficiaires spastiques, j’en profite alors pour les mobiliser» détaille-t-elle. «Mais les occupants vivent leur propre expérience dans ce lieu. Ils sont libres de se relaxer mais certains dansent ou se costument. On guide ceux qui ont moins de mobilité. Les choix sont nombreux : on fait des massages mais on peut aussi jouer, donner du contact physique ou visuel,… La relation de confiance y est très importante».

Kinés, ergothérapeutes et éducatrices ont suivi une formation avec Marc Thiry, très réputé dans son domaine, pour utiliser ces techniques de manière optimale. «Il s’agit d’un temps calme pour soi, en marge de la vie majoritairement collective du service. On y constate aussi parfois le développement du langage. Certains expriment des mots rarement entendus avant. Il y a un grand bénéfice de confiance en soi et… en nous».

Cet espace connaît un véritable succès. « Tout le monde est heureux d’y travailler. On y va à tour de rôles chaque jour, ou en cas de besoin immédiat des bénéficiaires. On y a aussi installé l’espace kiné traditionnel de l’autre côté d’un rideau, pour profiter des jeux de lumière ».

Et en complément de ce lieu où le bénéficiaire est accompagné par un professionnel, un autre outil est accessible librement aux usagers.

« Il arrive que certains usagers expriment parfois leurs émotions de façon très vive, voire violente. Et lorsque cela arrive, nous devons les accompagner, afin de favoriser leur apaisement, pour leur sécurité et celle des autres ».

Et à la question, comment préserver la personne en crise, tout en lui offrant un exutoire, est venue la réponse de la salle « Time Out », très différente du snoezelen.

« Ce type de salles est de plus en plus présente dans les institutions, comme en pédopsychiatrie par exemple où j’ai travaillé auparavant » se souvient-elle. « Il y avait un projet en friche quand je suis arrivée à l’IMP et j’ai eu l’occasion de le remettre sur les rails ».

Le principe de cette salle – accessible début juillet 2021 – peut ainsi être celui d’un lieu de décompression et d’apaisement, où l’on peut évacuer ses émotions et avoir un temps pour soi. Cela peut être la colère ou la frustration, le besoin de bouger vivement, quand c’est trop « fort » pour rester à l’intérieur.

« C’est un lieu entièrement sécurisé, matelassé au sol ou sur les murs, avec des lampes encastrées, un fauteuil en mousse, pas de prises électriques, une clinche arrondie pour la porte – qui n’est évidemment pas verrouillée – et un hublot dans la porte pour que nous puissions veiller sur l’occupant de l’extérieur ».

Et dans la pratique, il est constaté par les professionnels qu’aller dans ce local pour «évacuer» devient un réflexe au fil du temps.

«Le fait que le local soit sécurisant rassure l’usager en crise et cela nous laisse le temps de mettre une solution en place pour apaiser la situation. Mais elle peut aussi servir de salle de relaxation avec des lampes qui peuvent changer de couleurs et des ambiances différentes. C’est une salle autonome, la porte est ouverte et qui a besoin d’y aller le peut, sans demander l’autorisation» explique-t-elle «Et comme c’est tout nouveau, nous allons déterminer comment explorer toutes les possibilités de l’outil au fil des mois à venir ».