Lorsqu’un enfant a besoin de soins et qu’il séjourne en centre hospitalier ou thérapeutique, l’école peut venir à lui ; grâce aux enseignant.e.s de l’enseignement spécialisé de type 5, mieux connu sous le nom de « Classes à l’hôpital ».

Quoique… « Étrangement, ce type d’enseignement n’est pas encore assez connu dans les écoles ordinaires » témoigne Medhi Cervo, orthopédagogue et enseignant de Français en secondaire. « Parfois, les directions d’école appellent l’hôpital pour demander si ce que nous proposons est bien légal ! ». Et c’est en effet bien le cas…

La Province de Hainaut fait partie de ces pouvoirs organisateurs qui organisent la présence de « profs » dans de grands hôpitaux :

  • CHU Marie Curie à Charleroi
  • Ambroise Paré à Mons
  • CHR Saint-Joseph à Mons
  • CNDG à Gosselies
  • Epicura à Hornu ou à Ath
  • CHR Val de Sambre à Auvelais
  • mais aussi, dans des centres thérapeutiques.

Ce sont les écoles de l’IMP Ecole clinique mais aussi du CPESM à Ghlin qui proposent ce suivi scolaire au bénéfice de centaines d’élèves chaque année.

Parmi les enseignants de l’IMP Ecole clinique:

Madame Julie et Monsieur Medhi, respectivement attachés aux écoles fondamentale et secondaire de l’IMP.

Ils sont actifs dans les milieux hospitalier et/ou psychiatrique de la région de Charleroi, où ils travaillent avec d’autres collègues, provinciaux ou non.

Leur quotidien est bien sûr très différent d’un milieu traditionnel.

En hôpital :

« Chaque journée est différente.

En fonction de la volonté mais aussi de l’état de santé du jeune, nous pouvons lui donner cours… ou pas » explique Medhi « Parfois, le médecin le conseille vivement, mais parfois, ce n’est pas la priorité ».

 

Et Julie – qui a elle aussi travaillé en milieu hospitalier pendant de nombreuses années – de compléter :

« Il faut …prévoir l’imprévu ! Il faut toujours beaucoup d’idées d’activités en réserve. Sinon, il faut s’adapter à la demande de l’enfant car il faut être très attentif à sa douleur et savoir composer avec ses humeurs ». 

La classe de Medhi et de ses collègues implantée par l’Ecole clinique au CHU Marie Curie

Pour Medhi, le matin au CHU Marie Curie :

« Nous consultons les listes des jeunes qui viennent d’arriver et les rencontrons pour leur proposer nos services.  Mes collègues et moi avons beaucoup d’élèves à voir, partout sauf aux soins intensifs ».

Courts ou longs séjours, la méthode d’enseignement – adaptée aux âges – diffère bien sûr selon chaque élève.

« Certains veulent être rassurés sur leurs apprentissages ; d’autres, voir la matière pour ne pas décrocher ou ne pas se sentir trop « à part » des autres ; mais le principe est toujours le même » explique Medhi « Notre présence se fait sur base volontaire de la part de l’enfant, en chambre ou dans notre local, qui est en quelque sorte notre classe ».

Pour Julie, qui travaille depuis 25 ans dans le type 5 et a connu les deux milieux :

« Au Corto, un centre psychiatrique spécialisé pour les enfants autistes où je travaille, il y a beaucoup de rituels. Ce sont les mêmes 28 enfants chaque jour qui viennent dans nos classes flexibles » détaille-t-elle.

C’est très différent de l’hôpital où il faut tenter aussi de dédramatiser la situation pour l’enfant. Quand j’y travaillais, j’avais aussi des élèves placés car c’est souvent le lieu de transition où ils séjournent ».

Tous les deux en liaison avec les équipes médicales, psychologiques ou paramédicales, Medhi travaille aussi à l’hôpital psychiatrique Van Gogh.

Ils y sont 6 enseignants et le maintien du lien scolaire fait partie de la thérapie.

« Les médecins nous demandent d’intervenir d’office car les enfants sont souvent en décrochage scolaire. Et notre grande plus grande victoire dans ce cas, c’est de savoir qu’un jeune est retourné à l’école après son hospitalisation ». 

 Pour lui, huit ans après avoir choisi ce travail, la motivation est intacte face à l’objectif triple du job :

« Evidemment, l’objectif est pédagogique pour poursuivre les apprentissages malgré l’hospitalisation ; psychologique, pour aider l’enfant à éviter le repli sur soi, lui permettre de s’évader de la sphère médicale et de ses soucis de santé » explique-t-il « et aussi social, pour permettre aux jeunes de retrouver une autonomie, les rassurer, mais aussi les parents, sur la transition après l’hospitalisation par exemple, car c’est très stressant ».

Julie souligne aussi ce rôle soulageant :

« Quand nous sommes auprès de l’enfant, les parents peuvent rentrer un peu chez eux, faire des courses, s’occuper de la fratrie ou tout simplement, se reposer un peu ».

Révélant que c’est dans ce métier qu’il a pris pleinement conscience de ce que signifiait les apprentissages individualisés, Medhi conclut :

« C’est finalement la complexité de nos interventions qui me donne le sourire mais aussi, de rendre l’enseignement social : comprendre les besoins du jeune pour lui apporter le meilleur des aspects pédagogique et scolaire ».

Et de souligner aussi à quel point l’équipe de collègues est soudée, ce qui permet de faire face ensemble aux fortes émotions rencontrées face aux maladies, parfois graves, des enfants. 

 Julie qui est pleinement épanouie dans son travail ajoute:

« Je ne pourrais plus retourner dans l’ordinaire car ce travail me permet une sensibilité plus accrue et aussi, d’être plus proche de l’enfant. Cela s’apprend sur le tas et c’est vrai que ce n’est pas évident car il faut vraiment le vivre ! Mais une toute petite évolution de l’enfant et c’est une grande victoire ».

Pour en savoir plus sur les classes à l’hôpital, contactez l’IMP Ecole clinique ou pour la région de Mons, le CPESM un autre IMP provincial situé à Ghlin.