Découvrez le témoignage d’une enseignante sur une technique d’enseignement très particulière à l’école fondamentale de l’IMP René Thône de Marchienne-au-Pont.
Après une dizaine d’années dans l’enseignement ordinaire et spécialisé, Sarah Vleminckx s’est lancée dans l’aventure d’une classe flexible. Soutenue par sa direction, elle développe depuis 3 ans ce système d’apprentissage totalement innovant venu du Nord, à l’école fondamentale spécialisée de Marchienne-au-Pont (IMP René Thône).
Aux antipodes du « classico-classique papier crayon » comme elle l’appelle, le principe a été largement expérimenté en Scandinavie ainsi qu’au Canada.
Et à la question de savoir de quoi il s’agit, Madame Sarah décrit un système hyper personnalisé et souple, répondant aux besoins particuliers et à la situation de chaque enfant, qui grandit avec lui et en fonction de lui. « J’ai constaté que les élèves étaient parfois tellement démunis au niveau affectif que les apprentissages étaient tout simplement impossibles. Un enfant ne peut pas entrer dans un moule s’il ne s’est pas lui-même construit et ne connaît aucun cadre. »
Et dans cette école d’enseignement spécialisé de types 1 (déficience mentale légère), 3 (troubles du comportement) et 8 (difficultés d’apprentissage), les élèves en difficultés ont besoin de partir de zéro.
22 enfants de 6 à 12 ans sont concernés par cette méthode, répartis en deux groupes.
« La classe est flexible au niveau de son aménagement et de la pédagogie, ce qui demande une grande ouverture d’esprit de l’enseignant. Il faut accepter que si on a prévu de faire des Maths, finalement, on fasse du Français ; qu’un enfant travaille debout et que celui d’à côté soit en train de dormir » Car s’il est arrivé à l’école complètement exténué parce que les habitudes familiales ne lui ont pas permis de se reposer, ça ne sert à rien de lui imposer du scolaire! Quant à moi, je n’ai pas de bureau. Je voyage parmi eux ».
Concrètement, le local ressemble plus à une maison qu’à une classe.
« Je suis partie d’un tabouret, puis d’une petite table, de coussins, de canapé, de gros ballons de gym,…Grâce à des dons, j’ai pu aménager les lieux ».
Et ce cadre de vie est empreint de rituels, de bienveillance et d’affection : « Ce sont des enfants abîmés. S’ils veulent un câlin, je fais un câlin. Je ne suis pas leur copine, ni leur maman, ils savent qui je suis ; mais ils ont besoin de sécurité, d’être rassurés. Ils ont souvent été punis et incompris par le passé ».
Madame Sarah préfère d’ailleurs le terme de « guide » plutôt que « mentor ». « Je ne déverse pas mon savoir mais leur apprends à manipuler des notions sans qu’ils s’en rendent compte. Qu’ils comprennent à quoi ça sert de lire, de compter,… C’est essentiel. On travaille le savoir-être, le savoir-vivre. Le savoir tout court, il arrive qu’on n’en fasse pas et ce n’est pas grave. Car si un enfant prend du plaisir à être en classe, c’est réussi. ».
Enseignante engagée et « passionnée-mordue », Madame Sarah leur propose 4 défis: apprendre à être autonome, être heureux d’aller à l’école, trouver leur place et avoir envie d’apprendre à travailler. Ce système de constante adaptation peut faire peur car il nécessite beaucoup d’énergie.
« En trois ans, j’ai eu deux collègues différentes. Cette année, c’est Florence Slongo qui m’a rejointe. Et chaque jour est une nouvelle aventure » détaille-t-elle. « C’est vrai qu’il faut le faire avec ses trippes. Mais petit à petit, on leur propose de s’ouvrir à d’autres choses et ça fonctionne ! ».
L’année 2021/2022 est d’ailleurs consacrée au thème du Monde. Les élèves voyagent, découvrent d’autres cultures, tout en travaillant en ateliers autonomes, à leur rythme et sur une compétence spécifique, afin que chacun trouve sa place.